(Charles Baudelaire) 11/01/2019
Je n’ai découvert le formidable mot « brouillasse » que ce 8 janvier. Un ami, André Godenir, publiait sur son mur ce bel extrait d’ « Ardenne buissonnière » (éd. Duculot 1984), de l’auteur-photographe Edmond Dauchot : » Au lever, une brouillasse épaisse à tout noyer, à tout imprégner, à tout liquéfier… » une description brève et expressive comme une photo floue de cet épais coton qui enrobe nos journées depuis le début de l’année. En tout et pour tout, en ce mois de janvier, nous avons bénéficié de 19 minutes de lumière. Même pas deux minutes par jour.
Alors, soit on écoute Léo Ferré chanter Brumes et pluies de Baudelaire : « O fins d’automne, hiver, printemps trempés de boue – Endormeuses saisons ! je vous aime et vous loue – D’envelopper ainsi mon cœur et mon cerveau – D’un linceul vaporeux et d’un vague tombeau ».
Et on se pend comme un canal qui se serait perdu dans la brouillasse de notre plat pays.
Soit l’on capte tant bien que mal le moindre rayon qui passe et qui illumine le clocher du village, l’on va dire bonjour à la jument voisine dans sa bruine d’aquarelle et l’on va assister sous un soleil électrique à l’entraînement de foot de son petit fils.
Et la brouillasse, alors, devient sensass.


