(Michel Serres) 02/06/2019
’ai découvert Michel Serres en 1992, grâce à la publicité… qu’il avait en sainte horreur. Je travaillais pour une marque de pralines connue mais dont je tairai le nom, pourquoi lui ferais-je encore de la pub, j’ai quitté le métier, non ?
Nous avions des réunions à n’en plus finir avec le maître-chocolatier et le responsable du marketing de la maison. Il fallait trouver une idée de campagne et les interminables discussions ne m’aidaient pas beaucoup.
J’ai appelé un ami, grand directeur artistique freelance, artiste-peintre et philosophe aussi, tu t’en souviens, Robert ? Et tu as trouvé le concept, de belles images qui évoquaient moins le plaisir du chocolat que la douceur des baisers accompagnées de quelques mots empruntés à Michel Serres. Pour me « vendre » ta trouvaille, tu m’as d’ailleurs offert son livre, Les cinq sens (éd.Grasset) avec cette phrase magnifique surlignée en page 242 : « Le goût est un baiser que la bouche se donne… ». La campagne n’est jamais sortie, heureusement, de si beaux mots pour de la pub, quel sacrilège évité !
Je retourne parfois dans ce livre, un essai difficile à lire mais traversé d’éblouissements qui donnent le goût de ressentir et d’apprécier les moindres saveurs de la vie, les minuscules bonheurs.

